Le phare d’Ailly

Situation : 49° 55′ 14″ latitude nord / 0° 57′ 05″ longitude est

Automatisé : OUI             Gardien : NON                    Visite : NON

Il est bâti sur la pointe d’Ailly, au sud ouest de Dieppe. Le phare actuel a été mis en service en 1958. Son feu, dont la portée est de 31 milles (57 km), a un rythme est de trois éclats blancs en 20 secondes. C’est le troisième phare construit à cet endroit depuis 1775.

Les trois phares de l’Ailly

Le mot phare vient du grec Pharos qui est le nom de l’île où se trouvait le phare d’Alexandrie. Construit au IIIe siècle avant JC, il était considéré comme l’une des sept merveilles du monde.

A l’extrémité du cap d’Ailly, d’énormes blocs de grès sont dangereux pour la navigation et ont été le théâtre de nombreux naufrages.

Le premier phare : 1775-1899Phare_Ailly_1

C’est en 1775 que le premier phare de la pointe de l’Ailly a été mis en service. Il a été construit en même temps que les phares de la Hève et de Barfleur par la chambre de Commerce de Rouen.
C’est une tour carrée, de 20 m jusqu’au plan focal, élevée au centre d’un bâtiment rectangulaire qui contient les magasins. Sa construction en haut de la falaise place la lanterne à 93 mètres au-dessus de la mer avec une portée de 30 miles (55 km).
Le phare fonctionne d’abord à l’huile puis au charbon mais 600 kg de charbon sont nécessaires chaque nuit. Le charbon est monté à dos d’homme dans l’escalier en colimaçon.
En 1820, les réflecteurs sphériques sont remplacés par six réflecteurs paraboliques d’un rendement meilleur puisqu’ils assurent le parallélisme des rayons lumineux réfléchis.
En 1852, des lentilles Fresnel sont installées au phare d’Ailly ainsi qu’un système de feu tournant. Ce feu donne des éclats de minute en minute. Une lampe à cinq mèches placée au foyer du système constitue la source lumineuse.

Ce premier phare sera remplacé en 1899. La tour disparaîtra en 1968 lors du glissement d’un pan de falaise. Elle avait repris du service entre 1944 et 1958 pour remplacer le second phare détruit en 1944.

Les lentilles de Fresnel
Augustin Fresnel (1788-1827) est ingénieur des Ponts et Chaussées. En 1819, il rejoint la Commission des Phares grâce à son travail sur la diffraction de la lumière. Il préconise le remplacement des réflecteurs paraboliques par des lentilles : « On sait qu’une lentille, comme un miroir parabolique, a la propriété de rendre parallèles les rayons partis de son foyer ; elle produit par réfraction l’effet que le miroir parabolique produit par réflexion ».

Cependant, des lentilles simples de grands diamètres et de courtes distances focales auraient un poids excessif, seraient peu lumineuses et poseraient des problèmes de dispersion des couleurs. D’où l’idée de lentilles à échelons. Fresnel n’a jamais soutenu avoir inventé la lentille à échelon, déjà utilisée en chimie pour concentrer les rayons du soleil, une application connue sous le nom de « verres ardents ». Il en a simplement inversé la fonction, puisqu’il ne s’agissait plus de concentrer les rayons du soleil mais de diffuser ceux émis par une source de lumière, la lampe à huile du phare.

Le premier phare équipé des lentilles de Fresnel est le phare de Cordouan dans l’estuaire de la Gironde (1823). Les lentilles à échelons équipent aujourd’hui tous les phares du monde. L’invention de Fresnel n’a reçu que quelques améliorations de détail, notamment la construction d’appareils de plus grandes dimensions.

Deuxième phare : 1899-1944Phare_Ailly_2

Le deuxième phare d’Ailly mis en service le 15 septembre 1899.
En 1896, la construction d’une nouvelle tour est décidée, tant à cause du recul de la falaise, qu’en raison de l’impossibilité d’installer une nouvelle lanterne sur la plateforme existante. En effet, les dimensions du système à lampe à incandescence au gaz d’huile ne permettent pas son adaptation sur le premier phare.

La construction débute en 1897 à 90 mètres en retrait du premier phare. La tour est octogonale et, avec sa coupole en bronze, atteint une hauteur totale de 29 mètres. Le plan focal est à 24,50 m de haut.

L’optique produit trois éclats blancs en 8 secondes auxquels succède une période d’obscurité de 12 secondes. C’est toujours son rythme actuel.

Lors de son installation, l’optique du phare d’Ailly a bénéficié d’une amélioration notable : l’optique, d’un poids total de 1,20 tonnes, repose sur une cuve de mercure de 30 litres (414 kg). Ce dispositif permet d’augmenter la vitesse de rotation et du même coup, de réduire l’intervalle entre les éclats. Cela assure aussi à l’ensemble une bonne stabilité et l’absence quasi totale de frottements.
1903 : installation d’une optique double BBT à la vapeur de pétrole
1932 : électrification du phare

Le phare est détruit en 1944. Une optique provisoire est placée sur la tour de l’ancien phare qui avait été désaffectée mais pas détruite.

L’entreprise BBT
L’entreprise Barbier, Bénard et Turenne, en abrégé BBT, est une société fondée en 1862, spécialisée dans la fabrication des phares, des appareils optiques et des systèmes d’éclairage. Elle est leader mondial dans le domaine des phares à la fin du XIXe siècle. La société fut reprise par CIT Alcatel pour ses fabrications militaires, téléscopes optiques et laser et fut dissoute en 1982.

Le troisième phare d’Ailly (phare actuel) : depuis 1958ailly-199x300 bis

Le début des travaux du troisième phare débute en 1951 par le battage de 52 pieux de 8 mètres en béton dont la tête est noyée dans un radier de 1m 60 d’épaisseur destiné à recevoir le phare dont l’ensemble, tour en maçonnerie et lanterne, représente le poids respectable de 1 000 tonnes.
La construction d’un bâtiment pour abriter la machinerie, prévue sur les plans initiaux, est différée tant que l’ancien bâtiment peut continuer à être utilisé. La construction d’une nouvelle salle des machines attenante au phare durera de janvier 1966 à décembre 1967.

Le phare de 1775 reste en service jusqu’au 22 avril 1958, date à laquelle le phare actuel est mis en service. La tour de 1775 ne résiste pas longtemps aux glissements de terrain : de 1960 à 1968, elle s’effondre petit à petit dans le vide.

Les caractéristiques du phare :

Tour carrée en maçonnerie de pierres apparentes avec, accolé à la face sud-ouest, un bâtiment rectangulaire en forme de L en maçonnerie de pierres apparentes. Lanterne peinte en noir.
Elévation de la tour : 16 mètres au-dessus du sol, 91 mètres au-dessus de la mer.
Elévation du foyer : 19 m 53 au-dessus du sol, 94 m 58 au-dessus de la mer.
Feu : 3 éclats blancs en 8 secondes puis 12 secondes d’obscurité.
Focale 0, 70 m sur cuve à mercure modèle « pissotière » BBT.
Portée : 31 milles (57 km)
Optique complémentaire composée de prismes droits disposés en rectangles inclinés de 10° vers le haut pour la signalisation aérienne.