L’estran : Les plages de galets

Chaque jour, la mer monte et se retire inlassablement de nos côtes en un cycle d’environ 12 heures et 25 minutes. Au fil des marées, une bande littorale, particulièrement visible sur les rivages de l’Atlantique et de la Manche, est alternativement découverte et recouverte par l’océan. Cet espace s’appelle l’estran, mais aussi zone de « balancement des marées », zone de « marnage » ou encore zone « intertidale ».

Sur les côtes de Haute-Normandie, l’érosion naturelle des falaises produit des galets. En effet, les blocs de craie issus des effondrements sont rapidement déblayés et dissous par l’eau, donnant à l’eau de mer son aspect laiteux si particulier, d’où le nom de « Côte d’Albâtre ». Restent alors les silex qui, à force d’être roulés par la houle, finiront par prendre une forme arrondie. Les galets s’accumulent au pied des falaises pour former un cordon, caractéristique lui aussi de la Côte d’Albâtre.

Les conditions de vie y sont extrêmes et seules quelques plantes très spécialisées comme le crambé et le pavot cornu peuvent résister.

 

La laisse de mer

La plage est un espace de loisirs, de détente, un lieu d’activités, une porte d’entrée sur la mer. C’est aussi un milieu naturel fourmillant de vie. Pour rester «vivante», la plage a besoin de la laisse de mer. On appelle laisse de mer, les débris naturels (algues, herbes marines, bois flottés, petits crustacés…) déposés sur lestran lorsque la mer se retire.

Ces dépôts naturels contribuent à l’équilibre naturel des plages, ce ne sont pas des déchets.

La laisse de mer est à la base d’une chaîne alimentaire pour de nombreux oiseaux et poissons. Par exemple, lors de leur phase de repos pendant les migrations, les bécasseaux, les courlis ou les passereaux explorent les laisses de mer qui représentent de véritables garde-mangers où ils peuvent débusquer insectes, mollusques, vers et autres petits crustacés. Quelques oiseaux rares comme le grand gravelot ne se reproduisent que sur les plages en nidifiant dans les laisses de mer.

Les matières organiques de la laisse de mer sont décomposées par les bactéries et les petits invertébrés détritivores (comme les puces de mer ou les petits crustacés), ce qui produit un engrais permettant le développement de diverses plantes comme les choux marins, la bette maritime, la cakilier maritime.

Le cakilier maritime, plante charnue, avec de petites fleurs blanches, très riche en vitamine C ; elle était autrefois récoltée par les marins afin de lutter contre le scorbut lors des longues sorties en mer.

 

Les bons et les mauvais déchets

Les laisses de mer, sont parfois chargées de déchets anthropiques (issus des activités humaines) : bouteilles de plastique ou de verre, canettes, fragments de filets de pêche, mégots et objets divers, voire hydrocarbures issus des dégazages. Ceux-ci proviennent du large, des rivières où sont directement déposés sur les plages.

Ces déchets s’avèrent dangereux, soit en blessant directement, soit par ingestion. Ils sont régulièrement enlevés dans le cadre de nettoyages des plages, mais une fraction de ces déchets restent malheureusement dans le milieu naturel. Affaiblis lors des migrations, les animaux supportent mal une blessure ou une intoxication même faible.

 

 

Malheureusement, les laisses de mer subissent souvent le même sort que les déchets :

  • parce qu’elles sont considérées comme «sales» par les vacanciers, qui ignorent leur richesse et leur utilité écologiques ;
  • parce que les nettoyages mécaniques effectués sur les grandes plages ramassent sans distinction les déchets anthropiques et les débris naturels

Ainsi, limiter le nettoyage mécanique à certaines zones, développer le nettoyage manuel et sensibiliser la population sont autant de moyens nécessaires pour préserver un précieux écosystème côtier.

Les cribleuses mécaniques ne laissent aucun déchets, qu’il soit polluant ou naturel et essentiel à la vie sur le littoral…

Le ramassage manuel est beaucoup plus contraignant et long, mais dans des espaces naturels sensibles, il permet de ne ramasser que les déchets polluants.

3 commentaires à propos de “L’estran : Les plages de galets

  1. Pouvez- vous me dire s’il existe un texte interdisant le nettoyage
    des poissons (et surtout des seiches) sur les plages et l’estran ?
    la pollution de ces déchets est importante ( blessures potentielles aux pieds nus ) et pollution des fientes de goélands sur les bateaux au mouillage.
    Merci?

  2. Bonjour,

    Passionné et éleveur de microfaune marine, je suis toujours à l’affût des sites traitants de leurs biotopes. Merci pour votre travail !

Répondre à Chesnel Annuler la réponse

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*