Le sol de la Haute-Normandie a commencé à se soulever de 150 mètres il y a 2 millions d’années, entraînant des « accidents de terrain » tels que le creusement de vallées et l’enfoncement des cours d’eau. Sont alors apparues des vallées (la vallée de la Scie, de la Saâne, du Dun, la vallée sèche de Saint-Valéry-en-Caux, la vallée de la Veules et de la Durdent…) et des valleuses (valleuse de Vasterival, les valleuses du Petit Caux…).
Les valleuses, petites vallées perchées ou débouchant sur les plages, sont typiques du littoral du Pays de Caux. Leur situation à flanc de falaise résulte de la compétition entre le creusement lié au ruissellement et le recul des falaises. La valleuse du Camp de César, près de Dieppe, en offre un exemple historique. On y voit les vestiges de ce qui aurait été un oppidum entouré d’une levée de terre. Perchée aujourd’hui à 30 mètres de hauteur, elle s’abaissait sans aucun doute jusqu’à la mer dans l’antiquité. L’espace ainsi perdu a été estimé à 65 mètres depuis 1826 et le camp aurait été amputé de 5 hectares par le recul de la falaise.
La valleuse d’Eletot est un des paysages typiques du littoral. Elle fait partie de cinq valleuses formant un nouvel Espace Naturel Sensible classé en 2003, le “Circuit des Valleuses”, se situant sur une dizaine de kilomètres du littoral de la Seine-Maritime entre Fécamp et Veulettes-sur-Mer.
Au XIX ème siècle, les valleuses étaient surtout utilisées par les pêcheurs à pied, qui avaient un accès direct au bord de mer. Certaines ont été pourvues de rampes, escaliers, échelles, etc… mais aujourd’hui beaucoup d’entre elles sont à l’abandon.
Le gobemouche noir, une des premières victimes du réchauffement climatique.
Le gobemouche noir qui retourne nicher dans les forêts de l’Europe du nord après son hivernage en Afrique fait partie des oiseaux qui suivent, pour une partie d’entre eux, le littoral lors de leur migration, en utilisant les valleuses pour se ravitailler et se reposer.
Ce petit passereau est devenu rare partout, ses effectifs ayant diminué à cause du réchauffement climatique.
Ce phénomène a accéléré le développement de la végétation au printemps, ce qui provoque un développement plus précoce des populations d’insectes qui s’en nourrissent.
Quand les gobemouches arrivent dans les valleuses pour pondre, les larves d’insectes ont déjà disparu et le nourrissage des jeunes devient très difficile.
La frénaie à scolopendre du val du prêtre
Quand les ravins qui entaillent les fonds de valleuses sont restés boisés, l’humidité atmosphérique, l’ombre et les faibles écarts de température permettent le développement de la frénaie à scolopendre, une forêt luxuriante caractéristique des ravins cauchois. La strate herbacée est dominée par de grandes fougères riches en chlorophylle et à feuilles larges comme la scolopendre, les Dryoptéris et les polystics à aiguillons et à soies, entre lesquelles s’intercalent des mousses submontagnardes et des hépatiques à thalle. Le couvert forestier est assuré par le frêne, le noisetier, les érables et parfois les tilleuls.
(Source : Guide nature de la côte d’Albâtre, site Université du Havre, ESTRAN, ENS Lyon)
Le 3/06/2015 j’y ai trouvé 4 espèces d’orchidées : Coeloglossum viride, Dactylorhiza maculata, Anacamptis pyramidalis et 1 pied qui semblait être Himantoglossum hircinum (seules les feuilles étaient visibles).
Hauts de falaise de la valleuse d’Eletot, à droite en regardant la mer.
JJ Weimerskirch membre de la SFO LA
Bonjour,
Merci de partager vos observations qui montrent bien la richesse écologique de ces milieux littoraux !