Le Belem

Le trois-mâts Belem est le dernier grand voilier de commerce français du XIXème siècle encore en navigation.

En 1896, il est construit en six mois par les chantiers Dubigeon de Chantenay-sur-Loire pour le compte de la maison Crouan, armateurs à Nantes. Le Belem porte le nom d’un port du Brésil où les Crouan ont fondé au début du XIXe siècle un comptoir commercial. Il est destiné au transport de marchandises, notamment de cacao pour le compte du chocolatier Menier. Plus tard, il fera le transport du sucre et du rhum des Antilles.

L’armateur voulait une coque en acier, des mâts en bois : un navire relativement petit, rapide mais robuste, qui pouvait transporter jusqu’à 675 tonnes de chargement. A l’origine, il ne navigue qu’à la voile avec un équipage de 13 hommes.

Lors de sa première campagne commerciale, il survit à un incendie dans lequel les 115 mules de sa cargaison furent brûlées vives. En 1902, il échappe à l’éruption de la Montagne Pelée qui dévaste le port de Saint-Pierre (Martinique). Faute de place dans la rade, le commandant avait dû aller s’ancrer dans une autre baie, ce qui sauva le navire et son équipage.

1914-1951 : sous pavillon britannique

En 1914, le navire est acheté par le duc de Westminster, chef de l’une des familles les plus fortunées des îles britanniques, qui le transforme en yacht de plaisance. Le bateau est alors équipé de deux moteurs et de deux hélices. L’ancienne cale à marchandises est séparée en deux par un faux pont pour y placer des cabines supplémentaires. Un salon est installé au pied du grand mât. Le duc fait construire le grand roof sur le pont.

roof = superstructure sur le pont supérieur d’un navire mais qui n’occupe pas toute sa largeur.

Le petit roof est installé par le propriétaire suivant à partir de 1921 : le richissime brasseur anglo-irlandais sir Arthur Ernest Guiness. Il y aménage son bureau ; c’est aujourd’hui le carré des officiers.

Le navire est rebaptisé Fantôme II par son nouveau propriétaire qui lui fit faire de longues navigations.

En 1939, au début de la guerre, le yacht est désarmé dans l’île de Wight où il va rester pendant 12 ans.

1951-1979 : sous pavillon italien

Il faut attendre 1951 pour qu’un aristocrate italien, sénateur et mécène, le comte Vittorio Cini, l’achète. Il souhaite en faire un navire école pour le Centre maritime d’une Fondation qu’il a créée en mémoire de son fils Giorgio mort dans un accident d’avion.

En 1965, jugé trop vieux et trop dangereux pour continuer à naviguer, le navire rebaptisé « Giorgio Ciri » reste à quai dans la lagune de Venise. Il est vendu aux Carabiniers, puis donné aux chantiers navals de Venise qui continuent les travaux de restauration. Le navire est toujours entretenu pour pouvoir être mis en vente le moment venu.

En 1979, il est acheté par les Caisses d’Epargne qui créent la Fondation Belem l’année suivante pour entretenir le navire et promouvoir le passé maritime de la France.

Au pied de la tour Eiffel

En 1980, le Belem est amarré au pied de la tour Eiffel afin d’attirer le public sur le lieu même de sa restauration. Les travaux durent quatre ans. En 1984 le Belem est classé Monument Historique. Depuis 1987, il accueille des passagers pour des stages de navigation.