La Côte d’Albâtre s’étend sur 130 km de la baie de Seine à la baie de Somme. Ce littoral haut normand est caractérisé par ses falaises de craie et ses plages de galets.
Les falaises, composées de couches de craie et de lits de silex (les lignes noires que l’on remarque sur la falaise), soumises à l’action de l’érosion, finissent par s’ébouler. Les éboulements que l’on retrouve en pied de falaise sont composés de blocs de craie et de blocs de silex. La craie est rapidement érodée. Par contre, les morceaux de silex, très résistants, vont s’éroder plus lentement pour devenir des galets.
La formation des falaises
Au crétacé, il y a environ cent millions d’années, le niveau des océans était 200 à 300 mètres plus élevé qu’aujourd’hui. La Haute-Normandie actuelle était donc recouverte par la mer.
La craie est une roche sédimentaire d’origine marine qui résulte de l’accumulation sur les fonds marins, pendant des millions d’années, de particules calcaires issues d’algues unicellulaires. Ces particules calcaires, les coccolithes, ne mesurent que quelques millièmes de millimètre.
Plus faciles à observer et à ramasser sur les plages à marée basse, les fossiles les plus courants de la région sont les micraster, les echinocorys, les ammonites…
La baisse du niveau des mers ajoutée à la montée du plancher océanique permet aujourd’hui de découvrir les falaises de craie. Leur hauteur est très variable selon les zones, de 30 mètres à plus de 100 mètres. Localement, les falaises sont entaillées de valleuses ou vallées suspendues.
L’érosion
Les éboulements ont des causes diverses mais on peut en retenir trois principales :
– l’érosion continentale : l’eau de pluie pénètre dans le massif crayeux et élargit les fissures par une action de dissolution. De plus, lorsqu’il gèle, cette eau contenue dans la falaise se dilate pour se transformer en glace et fait éclater la roche. La falaise ainsi fragilisée finit par s’ébouler.
– l’érosion marine : le ressac des vagues, la projection des galets contre la falaise creusent le pied de falaise.
– l’érosion biologique n’intervient pas directement sur la falaise mais sur le platier rocheux, en avant de la falaise. Là, des organismes marins comme les vers attaquent la roche en y creusant des galeries. Les pholades, des bivalves, s’enfoncent aussi dans la craie et fragilisent le platier. Le platier diminue, ce qui permet à l’action marine d’avoir un impact plus fort sur le pied de falaise.
Différentes falaises dans la région
La falaise « classique » que l’on rencontre en Haute-Normandie est visible notamment à Pourville, Puys et Dieppe. On retrouve une alternance régulière de couches de craie et de lits de silex.
Au Cap d’Ailly, on voit un autre type de falaise : on a une falaise de craie (de la période géologique appelée le sénonien) surmontée de dépôts d’argile, couche géologique de la période du tertiaire. Cette falaise n’est pas verticale en raison des glissements occasionnés par l’argile ; le relief glisse vers la mer. C’est une zone où les éboulements sont plus fréquents qu’ailleurs.
A Berneval, la falaise est composée de couches de craies différentes. Sous la craie du sénonien se trouve une craie plus dure de la période du turonien. La craie du turonien étant plus dure, celle du sénonien subit une érosion plus forte, ce qui donne le plan incliné de la falaise. Cela laisse des espaces inaccessibles pour un grand nombre de prédateurs, ce qui permet à des espèces rares de vivre dans ces zones.
La formation des galets
L’hypothèse de travail la plus communément admise expliquant la structure en bancs des silex est celle d’un enrichissement périodique de la mer en silice lors de périodes de forte érosion du continent et de climats chauds.
L’apport de la silice par voie fluviale expliquerait aussi que certaines zones soient plus riches en silex que d’autres, celles-ci se trouvant certainement près de l’embouchure de grands fleuves.
Dans la région Haute-Normandie, la quantité de silex diminue du Tréport au cap d’Antifer (près du Havre).
La présence du silex dans la falaise n’est toujours pas clairement expliquée par les géologues. Mais, après chaque éboulement, des blocs de silex se trouvent libérés de la craie au pied de la falaise.
Les blocs de craie de l’éboulement sont rapidement détruits par la mer (de quelques semaines à quelques mois) mais les silex, très durs, résistent beaucoup plus longtemps.
Petit à petit, les blocs de silex issus des éboulements s’érodent, et s’entrechoquent sous l’énergie des vagues et des marées. Toutes les parties saillantes, fragiles, sont érodées. En roulant les uns contre les autres, les silex finissent par prendre cette forme arrondie caractéristique des galets.
Après plusieurs années, le galet rond est complètement formé, il n’a plus aucune trace de son ancienne gangue de craie. Il est criblé de milliers de minuscules impacts, résultat de l’entrechoquement des galets dans le cordon, ces chocs qui l’ont sculpté.
En Seine-Maritime, le ramassage des galets est interdit depuis 1985 mais il est toujours actif en Baie de Somme. Selon leurs caractéristiques (teneur en silice, aspect, couleur…), les galets sont exploités dans la fabrication d’une grande gamme de produits, ainsi que dans l’industrie.
Les utilisations du galet
Trois utilisations principales peuvent êtres retenues :
le galet concassé : les galets sont broyés jusqu’à l’obtention de poudres plus ou moins fines. Ces poudres entreront dans la composition de bétons à haute résistance, dans la fabrication de papier silex (autrefois papier de verre) ou dans l’élevage industriel de volailles.
le galet broyeur : après sélection, les galets les plus ronds sont utilisés dans l’industrie pour broyer d’autres matériaux. Placés dans un cylindre qu’on fait tourner après y avoir ajouté le matériau à broyer, les galets vont s’entrechoquer et ainsi broyer en poudres fines le matériau qui les accompagne dans ce cylindre.
le galet cuit : après cuisson des galets les plus purs en silice (que l’on trouve principalement en Baie de Somme) à 1600°C, on obtient ce qu’on appelle la cristobalite. Broyée en poudres de différentes granulométries, la cristobalite est utilisée pour sa teneur en silice qui en fait un matériau très résistant. On l’utilise dans la peinture (des bandes blanches sur les routes par exemple), dans la faïence, la céramique et également dans les dentifrices blanchissants.
Les gobes
Ce sont les trous, les excavations creusées dans la craie. Les plus importantes sont situées dans la falaise du Pollet, à l’est de la ville et dans lafalaise du Bas-Fort-Blanc, sous le château. D’autres gobes se trouvent en ville.
Certaines gobes paraissent naturelles, mais en général, ce sont d’anciennes carrières abandonnées.
Quelques-unes pourraient dater des origines de la ville. D’autres ont été creusées lors de la reconstruction de la ville après l’incendie de 1694. Elles ont alors servi à extraire la craie avec laquelle on fabriquait la chaux.
Percement du chenal en 1886-1887
Lors de la création des nouveaux bassins et du chenal à travers le Pollet, en 1886-1889, des rues sont supprimées : place Bourdin, rue des Trois marmots, rue aux Pitauts… D’autres, comme la rue J-A Belleteste et la Grande Rue du Pollet sont coupées. Une centaine de maisons du vieux Pollet disparaissent pour faire place au « Grand Pont », actuel pont Colbert. Les habitants, ne trouvant pas d’habitations équivalentes, se réfugièrent dans ces trous creusés pour l’extraction de la craie.
Ces gobes très profondes furent habitées par des familles entières. L’ouverture en était fermée par des plaques de fer blanc, de vieilles toiles à voiles goudronnées…
Il y avait encore des « gobiers » à la déclaration de la guerre en 1939. A leur entrée dans Dieppe, les troupes allemandes d’occupation s’occupèrent des défenses côtières et ce sont elles qui chassèrent les derniers habitants en 1940. Après la libération, certaines gobes furent à nouveau occupées, faute de logements suffisants pour les habitants de retour à Dieppe.